Ayako
1ère œuvre de Tezuka que je découvre et… tout de suite un chef d’œuvre ! Ayako est une œuvre magistrale d’Osamu Tezuka, souvent considérée comme l’un de ses travaux les plus sombres et les plus matures. Publié en 1972, ce manga explore des thèmes complexes et universels qui résonnent encore aujourd’hui.
L’histoire se déroule dans le Japon d’après-guerre et on suit la Famille Tenge, une ancienne famille avec pas mal de terre en 1949. Les propriétaires se font piller les terres par l’état et la famille est gangrenée de l’intérieur avec un fils revenu de la guerre et est une honte pour la famille de ne pas être mort au combat, un autre qui prostitue sa femme pour toucher l’héritage, une sœur qui va rejoindre la révolution et un jeune frère qui semble droit et infligeant, mais qui en grandissent va également être pervertie par l’influence de sa famille.
Dans tout ça l’une des servantes de la famille va mourir et Ayako qui était témoins du meurtre va se retrouver enfermée dans un sous-sol la privant d’une grosse partie de sa vie et la coupant du monde. On va donc suivre la vie d’Ayako qui vit dans une bulle à la merci de sa famille rongée par leurs ambitions personnelles.
Une histoire complexe, dense, mature avec des persos avec des objectifs très différents et qui s’oppose. Mais qui reste malgré tout très bien écrite et aussi prenante que touchante. Tezuka explore la corruption qui ronge les structures familiales et sociales. Les personnages sont prêts à tout pour maintenir leur statut et leur richesse, même au détriment de leurs proches. Ce thème est toujours pertinent aujourd’hui, où les scandales politiques et économiques continuent de faire les gros titres. Mais si on le remet dans son contexte d’après-guerre, avec ces conséquences et la poursuite des conflit, les traumatismes de la guerre et leurs répercussions sur les générations suivantes nous fait prendre conscience de la position délicate de la famille Tenge s’il souhaite garder leur terre. Même si ça n’excuse en rien les manipulations faites sur Ayako par son entourage, la privant d’une vie normale.
Pour une première œuvre d’Osamu Tezuka, je comprends facilement en quoi Ayako est considérée comme un chef-d’œuvre intemporel qui mérite d’être lu. Les thèmes abordés par Tezuka sont toujours autant d’actualité et continuent de susciter des réflexions profondes sur la nature humaine, la corruption et les conséquences des conflits. Il reste une œuvre puissante de Tezuka qui rappelle que les grandes œuvres littéraires ont le pouvoir de transcender le temps et de continuer à nous interpeller, même des décennies après leur création.
Synopsis
Ayako est une fille de la honte. Née de l’union incestueuse de son père et sa sœur, elle devra vivre cachée dans la cave de la maison familiale de 4 à 18 ans. Comment peut-elle alors se construire ? N’ayant pour seule visite que son frère, dont elle tombe amoureuse.